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  • Photo du rédacteurFlorian Nunez

Episode 10 : la maison Vve Fourny & Fils - une histoire de famille

Pour ce premier épisode en Champagne, je voulais aller voir des vignerons que je connais déjà depuis quelques temps : les frères Fourny de la Maison Vve Fourny & Fils. Je n'ai pas eu de mal à convaincre mes deux acolytes du plaisir que l'on prendrait à aller les rencontrer. Et pour cause : le récit de cette journée bien remplie vous donnera la même envie, celle de sauter dans votre voiture direction Vertus.


Les frères Fourny devant le Clos "Faubourg Notre Dame"

(Crédits : Romain Becker)


Nous nous souviendrons longtemps du trajet vers la Champagne : trois heures et demi où normalement il en faudrait moitié moins, la faute à des embouteillages parisiens toujours aussi accueillants. Cela va me faire passer pour longtemps l'envie d'emprunter ces départementales pourtant si jolies le long des plaines et des vallons de la région. Malgré tout, nous arrivons dans notre hébergement et c'est bien le principal. La pluie, amie fidèle de nos dernières escapades, menace de sévir une nouvelle fois.


Le lendemain matin, le réveil sonne aux aurores. La pluie a disparu pour laisser place à un magnifique ciel bleu autour d'un soleil anachronique, parce que trop chaleureux, en ce mois de janvier.  Cette sensation "printanière"  nous laisse une étrange impression, comme si la vie des vignes reprenait trop tôt. Sentiments mêlés maintenant ceinturés dans notre bolide habituelle, nous partons vers Vertus et sa fameuse rocade entourant le vieux bourg.


Après un passage par la boulangerie locale, habitude désormais bien ancrée problème de réveil ou non (pour se faire pardonner !), nous tournons une dernière fois sur la droite dans une rue dont la maison familiale marque le début. Nous nous garons devant la salle de réception, devant une parcelle clôturée de murs : le Clos "Faubourg Notre Dame", nom également d'une cuvée rarissime de la maison.


Nous nous dirigeons vers l'accueil où la maman des deux frères vient nous accueillir. Charles et Emmanuel viennent tour à tour nous saluer puis nous installent dans la salle de dégustation où professionnel(le)s et particuliers viennent déguster le travail de la maison depuis tant d'années. Une fois les préparatifs techniques d'usage réalisés, nous démarrons nos échanges et commençons à discuter de la région de Champagne, de son histoire, de la découverte de l'effervescence et des spécificités de ce vin si particulier.


Une première ambiance et les viennoiseries

(Crédits : Romain Becker)


Ces premiers échanges terminés, Emmanuel et Charles nous conduisent devant le Clos "Faubourg Notre Dame" à quelques pas de là. Le temps clément leur donne l'occasion de nous parler de changement climatique. Une anecdote donne une idée de l'ampleur du sujet : d'habitude, les vendanges se terminaient par l'anniversaire d'Emmanuel début Octobre, maintenant, c'est celui de Charles fin Août que l'on célèbre la récolte terminée. Cultures de la vigne, traitements des maladies, travail de la terre au cheval, tout y passe sur la conduite de la vigne jusqu'à la construction d'un millésime en cave. Occasion idéale d'y aller !


Pour cela, il suffit de traverser la route. Le nouveau chai, joli bâtiment cintré de bois, est opérationnel depuis peu. Il donne à la Maison un outil de travail à la hauteur de la vision qu'ils ont. En plein hiver, la température y est assez fraîche, et les cuves où les vins se reposent doucement ne font plus de bruit, les dernières fermentations sont stoppées par les conditions trop fraîches. Les lumières sont aussi réduites à leur minimum. Les nouvelles cuves en acier trônent au centre de ce chai, remplies des vins de 2019 prêts à être dégustés (vous vous doutez bien qu'on n'a pas passé notre tour). Et au fond, des foudres en bois posés élégamment sur des supports. L'un d'entre eux attire notre attention, il y a une mention :


A goûter si vous en avez l'occasion

(Crédits : Antoine Msika)


Ce système de solera, très utilisé dans le sud de l'Espagne pour les Xérès, est une mémoire du temps qui passe. Chaque année une partie du vin produit est ajouté aux vins des années précédentes ajoutant complexité et profondeur. Cet assemblage, pourtant destiné uniquement à la cuvée "Grande Réserve" nous a laissé pantois (pour être poli) tellement c'était bon. Evidemment la question s'est posée : "pourquoi vous ne le vendez pas tel quel ?". Et bien parce que ça deviendra du champagne et qu'il faut donc des bulles (les bu-bulles, vous vous souvenez ?). 


Nous sortons de ce chai, direction le début de la rue, enfin juste après la maison familiale qui marque son début. Bref, nous descendons un escalier vers le chai de maturation où les fûts, remplis de vins, attendent patiemment leur mise en bouteille avant la prise de mousse. Sur ces marches, Emmanuel m'a raconté une anecdote croustillante sur un super domaine de Bourgogne, des fermentations alcooliques compliquées, une porte à ouvrir et un copain commun, Pierre Millemann, oenologue de talent de Nuits-Saint-Georges. Je n'en dis pas plus :)


Finalement, ce long parcours matinal se termine là où tout a commencé : à proximité de notre bolide noir dans la salle de réception. Décorée avec goût, elle met à l'aise. Autour de la table centrale, surplombée d'un lustre moderne du plus bel effet, suffisamment de chaises pour que l'on prenne place tous ensemble. Les verres sont prêts, la dégustation peut démarrer. De la Grande Réserve (avec de la Solera dedans, vous vous souvenez ?), nous passons par le Blanc de Blancs, la cuvée "R" (un régal !), le Rosé pour finir avec la délicatesse du millésimé et la puissance du Rougement, comme un dessert parfait pour ce long menu de dégustation.


Une partie du menu de dégustation

(Crédits : Antoine Msika)


C'est sans compter les mignardises ! Profitant de notre inattention passagère, Charles s'est éclipsé dans sa vinothèque et nous a ramené un millésimé, de 1995 cette fois. Ce genre de bouteilles rend difficile l'usage des mots pour décrire les émotions tellement ce vin est inattendu, dans sa couleur comme dans ses arômes (Michou parlera de "feuilles d'huîtres, d'iode"), dans sa puissance comme dans sa longueur et surtout dans la délicate évanescence de ses bulles. Assurément une expérience particulière dont nous sommes les témoins privilégiés.


Ces quelques lignes ont simplement résumé la matinée. L'après-midi a été conduite au même rythme dans les vignes cette fois, pour admirer la craie particulière de la région, la conduite de la vigne et bien d'autres choses. Une journée densément plaisante dans les échanges comme dans l'apprentissage, dans le plaisir comme dans la découverte. Nous vous avions prévenus, allez chercher vos clés de voitures et foncez à Vertus ! Cela en vaut largement la peine.


Prenez soin de vous et buvez bon !


La Côte des Blancs (Vertus) résumée dans cette photo : la craie blanche et les vignes

(Crédits : Romain Becker)


Pour rencontrer ce formidable duo, ça se passe au 5, rue du Mesnil à Vertus (51130). Allez-y après un petit coup de fil, vous serez très bien accueilli !


Pour trouver les vins du domaine, pensez à aller demander à votre caviste indépendant préféré s'il en a.


Pour écouter l'épisode, ça se passe ici :


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