Merci Eddy ! (Crédits : Romain Becker)
Au détour d'une route de campagne, l’imposant grand cru Schlossberg se dévoile à nous. Dessiné sur les contours de la majestueuse “colline du château”, il constitue un défi de taille lancé au courage et à la persévérance des vignerons qui le cultivent. Imaginez-donc : des pourcentages de pentes que même un Marco Pantani au sommet de son art ne saurait dompter !
Dans ce terroir sorti de l’enfer des montagnes, comme dans l’appellation Côte Rôtie ou le long du Douro pour le Porto, ce sont les terrasses, construites par la main de l’homme, qui sont les favorites des vignerons. Pas celles qui vous accueillent avec une table et une bière alsacienne ! Quoiqu’ils les aiment bien aussi ! Ce sont celles qui offrent plusieurs “plateaux” en forme d’escalier et qui permettent simplement aux hommes de travailler. Sans elles, la production de raisin sur cette colline relèverait d’une folie passionnelle.
Construit dans la plaine de Weiss jouxtant ce terroir monumental, par ailleurs premier Grand Cru Alsacien depuis 1975, le domaine Weinbach semble surveiller amoureusement le relief historique. Entourée d’un muret de pierre et parsemée de roses, la bâtisse dégage de l’extérieur une impression de sérénité que seul le passage du temps permet d’acquérir. Le long de l’allée principale, un ruisseau, le bien nommé “Weinbach”, se fraye un chemin tortueux dans ce terroir caillouteux. Au bout, se garer est un jeu d’enfant. L’ombrage de l’arbre séculaire, gardien temporaire de notre carrosse, nous permet de trouver un peu d’air frais, bienvenu en cet été caniculaire.
Un aperçu du Schlossberg (Crédits : Romain Becker)
Nous rentrons ensuite dans le salon de dégustation où les habitués, particuliers comme professionnels, viennent depuis longtemps apprécier le fruit du travail de la famille Faller. Des souvenirs photo viennent orner les murs, comme autant de témoignages de dégustation d’anthologie. Et ce n’est sûrement pas Georges Pompidou, d’un air amusé sur une des photos, qui dirait le contraire !
De dégustation mémorable, il est en justement question en cette fin Juillet. Eddy démarre avec les cuvées Sainte Catherine, parfait relais d’une précision aromatique et d’une fraîcheur donnant un plaisir immédiatement accessible. Puis, nous parcourons les Riesling du domaine jusqu’à celui ici du fameux Schlossberg. Pris dans la simplicité de nos échanges, Eddy se lève et s’en va dans la cuisine où sa maman partage ses souvenirs avec des habitués du domaine. Nous sommes dubitatifs, est-ce la fin de la dégustation ?
Il revient quelques minutes plus tard avec deux autres bouteilles déjà ouvertes. Son sourire malicieux annonce la couleur : place aux aînés du domaine ! Nous partons en 1996, avec un Riesling du même Schlossberg. Son intensité, sa fraîcheur remarquable malgré ses presque 25 ans et sa complexité font de ces instants en sa compagnie des souvenirs gravés dans nos mémoires. On n’oublie pas une si charmante rencontre !
Pour terminer, Eddy a gardé sa meilleure carte. Amoureux de sucre devant l’éternel, à faire servir un moelleux comme vin de messe, j’ai tanné Eddy depuis le début pour goûter leurs sucrés. J’ai en tête leur cuvée emblématique dans ce registre : les quintessences de grains nobles. Autant vous dire, qu’à la vue de la demi-bouteille que tenait Eddy, un sourire innocent a traversé mon visage ! Comme aux plus beaux jours de mon enfance quand j’étais devant le sapin le matin de Noël.
Les bouteilles du domaine (Crédits : Romain Becker)
Ce pinot gris 2017 restera définitivement comme un appel à se retrouver dans 20 ans. Taillé pour la garde, il était encore trop jeune pour être dégusté dans toute sa complexité. Cependant, sa fraîcheur et sa longueur remarquable en font à n’en pas douter un mastodonte à surveiller pour tous les amoureux du vin, même ceux qui n’aiment pas le sucre. Tu peux compter sur nous Eddy, on reviendra dans 20 ans le goûter ce vin-là !
Où trouver des bouteilles du domaine ? Ici, pour millésimes les plus récents Et ici, pour les millésimes plus anciens.
Vous voulez découvrir d'autres domaines alsaciens ? Pas de problème, on vous emmène visiter les domaines Josmeyer, Marcel Deiss et Christian Binner.
Comentarios