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Photo du rédacteurRomain Becker

Vendanges au Domaine des jeunes pousses, acte 1


Hugo et Angéla

(Crédits : Romain Becker)


A quoi tiennent de bonnes vendanges ? A la qualité sanitaire du raisin, à son bon niveau de maturité, à la quantité récoltée, à l’absence de blessure ou d’accident. Oui, cela tient à de multiples facteurs techniques. Mais il y a autre chose d’essentiel : l’amour qu’on y injecte. Et de ce côté-là, les toutes premières vendanges au domaine des jeunes pousses furent exemplaires.


Et pourtant, c’était mal engagé en ce qui me concerne. Rendez-vous était pris avec Hugo et Angéla pour participer à une journée de vendanges au domaine et réaliser des enregistrements. Arrivée prévue à 21h37 à Mâcon Loché TGV. Hugo doit me récupérer. Seulement, je comprends mal les indications du contrôleur et je ne descends pas à Mâcon. Magnifique non ? Prochain arrêt : Lyon Part-Dieu. Coût final de la course de VTC Lyon - Emeringes : 96€. J’arrive donc à minuit dans ma chambre et le début de la journée de travail est fixé à 7h00 dans les vignes. Vous avez le droit de rire…


Au boulot !


Heureusement, je suis accueilli avec de larges sourires au petit-déjeuner par une fine équipe de vendangeurs : Eric, Christophe, Christine, Léo et Antoine. Des sourires amicaux mais aussi un peu moqueurs. Le ton est donné d’entrée, tout le monde est motivé, détendu et taquin. A 7h15 le travail commence dans la parcelle Les Fils. De manière originale pour le Beaujolais, des fils y ont été tendus pour palisser les vignes. Hugo et Angéla nous rejoignent après déjà une petite heure de travail en cave pour vérifier l’avancement des fermentations. Ils n’en sont pas à leur premier jour de récolte et malgré leurs mines joyeuses, ils commencent à avoir les traits tirés. Mais l’envie de bien faire est plus forte, la fatigue attendra.


Le matin se lève sur Emeringes et Eric

(Crédits : Romain Becker)


Les indispensables cagettes

(Crédits : Romain Becker)


Nous sommes 7, un rang chacun, avec Antoine en chef d’orchestre. En bon officier de la marine marchande, il organise et distribue les rôles afin que tout roule. Et pour un débutant comme moi, c’est très confortable. Je n’ai qu’à exécuter. Enfin, si j’ose m’exprimer ainsi. Couper du raisin, c’est facile. Couper du raisin aussi vite que vos camarades qui, comme Eric, en sont à leur énième campagne de vendanges, c’est autre chose. Et voilà une conséquence concrète. Pendant que nous sommes dans les vignes, Léo se charge d’une mission vitale : nous ambiancer. Armé de sa petite enceinte logée dans un magnifique sac banane, nous profitons de sa playlist enjouée et pointue. Quand je dis nous, j’en profite un peu moins que les autres. Car lorsque je termine un pied de vigne, les autres en ont fait deux (au bas mot). J’entends donc la musique s’éloigner irrémédiablement à mesure que nous avançons.


La terre est basse !

(Crédits : Romain Becker)


10h00, l’heure du casse-croûte. Simple et diablement efficace : pain, rillettes, pâté, fromages et 3 pommes que personne n’a touchées depuis le début de la campagne de vendanges. Et c’est reparti pour un tour après cette pause salutaire et bonne pour le dos et les cuisses. En route donc ! On fouille, on coupe, on trie, celle-ci est-elle trop flétrie ? celle-là est trop sèche je la jette, on pose dans le seau, on rigole, on remplit la caisse, on garnit la remorque. Les discussions vont bon train et j’en profite également pour poser pas mal de questions techniques à Hugo et Angéla qui répondent toujours avec précision.


Antoine, dans la joie et la bonne humeur

(Crédits : Romain Becker)


Deux grappes d’un même pied.

A gauche, une grappe qui n’était pas protégée du soleil par des feuilles.

A droite, les feuilles ont fait de l’ombre et le raisin est à peine mûr.

Vous voyez l’importance des choix faits dès la taille ? ((Crédits : Romain Becker)


13h00, la pause déjeuner est annoncée. L’occasion d’aller au domaine profiter d’un coin d’ombre, d’une bière désaltérante et d’un excellent déjeuner préparé par Christine, la mère d’Angéla. On en profite également pour goûter un vin rosé, cépage pinot noir, concocté par les employés du plus prestigieux domaine de Bourgogne pour leur consommation personnelle (spoiler : c’est très bon).


La reprise après le déjeuner est délicate. La chaleur est montée d’un cran, les courbatures arrivent mais tout le monde se motive. La conversation avec Christophe agit comme un baume. Propriétaire d’un magasin de produits régionaux et cavistes dans les Alpes, il a la chance de vendre une bonne quantité de vins prestigieux, notamment du bordelais. Et en bon passionné, il a évidemment beaucoup goûté et transmets avec amour ses impressions sur Margaux, Talbot, Mouton, Rayas. J’arrête là je sens que vous salivez déjà.


Eric le savoyard

(Crédits : Romain Becker)


Les seaux d'Angéla

(Crédits : Romain Becker)



Une soirée au domaine


Le retour au domaine est décidé quand toutes les caisses sont pleines. Il est temps de finir le tri, d’encuver et de nettoyer le matériel. Les critères sont stricts mais les raisins sont magnifiques. Donc nous écartons très peu de grappes, ce qui est de bon augure pour ce premier millésime.


C'est l'heure du tri

(Crédits : Romain Becker)


Angéla, au four et au moulin

(Crédits : Romain Becker)


Après l’encuvage, pendant que certains finissent le nettoyage de la cave, je reste aux côtés d’Angéla et Hugo pour le contrôle des fermentations. C’est une première pour moi et c’est très enrichissant. Sereins et confiants, Angéla et Hugo discutent, confrontent leurs points de vue et décident des interventions à mener : un remontage sur les Chénas, on refroidit les raisins du jour, on ne touche pas à la dernière cuve. Ils sont pros, font des choix en sachant que l’erreur est possible mais en les assumant et en les justifiant. Ca ne serait pas la marque des bons vignerons ça par hasard ?


On nettoie et on revient demain

(Crédits : Romain Becker)


Kesako ?

(Crédits : Romain Becker)


La journée se termine en beauté avec un bon dîner à la nuit tombée. Les corps souffrent d’une saine fatigue. Faîte d’une journée de labeur, de volonté et d’efforts récompensée par de beaux raisins et une dégustation qui vaut le détour : domaine des Tours rouge et blanc, Instinct de survie 2014 du domaine des Bormettes et château Fonsalette 2011. Du jus, de la puissance, de l’élégance, des surprises, des sourires, la joie, l’amitié, les rires, l’allégresse et de belles chansons de marin avant d’aller dormir. Moi j’appelle ça l’amour, tout simplement.


A l'année prochaine ! (Crédits : Romain Becker)


Pour écouter, l'épisode avec Hugo et Angela, c'est par ici :


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