Photo © Facebook de Génépi Arpin
Le génépi, liqueur alpine traditionnelle, affiche une forte teneur en alcool comparable aux spiritueux classiques.
- 40 à 45 degrés en moyenne pour les versions commerciales
- Jusqu’à 50 degrés pour certaines préparations artisanales
- Concentration nécessaire pour extraire les composés aromatiques de l’Artemisia
- Historiquement utilisé comme remède médicinal dans les régions alpines
- Sa fabrication implique une macération dans un alcool à 90-96° avant réduction
Le génépi, cette liqueur alpine aux arômes envoûtants, affiche généralement un taux d’alcool compris entre 40 et 45 degrés. Voilà ce que je réponds invariablement lorsqu’un client me pose cette question lors de mes dégustations commentées. L’intensité de cette boisson traditionnelle, issue de plantes d’altitude, surprend souvent les néophytes qui l’associent parfois à un simple digestif doucereux. Erreur! Le génépi se singularise par sa puissance alcoolique comparable à celle d’un whisky ou d’une vodka, tout en conservant les subtilités aromatiques des fleurs qui lui donnent naissance. Au fil de mes pérégrinations dans les Alpes, j’ai découvert que cette concentration en alcool n’est pas le fruit du hasard mais répond à une nécessité: extraire et préserver les précieux composés aromatiques de cette plante d’altitude, tout en garantissant une conservation optimale du breuvage.
Les origines montagnardes d’une liqueur emblématique
Le génépi tire son nom de la plante alpine Artemisia qui pousse à haute altitude dans les massifs des Alpes. Mes premières rencontres avec cette plante remontent à mes excursions estivales dans la Vanoise, où j’ai appris à la reconnaître à ses feuilles argentées et son port discret. La tradition de sa cueillette et de sa transformation en alcool remonte à plusieurs siècles, lorsque les montagnards cherchaient à conserver les vertus médicinales de cette plante rare.
Historiquement, le génépi était considéré comme un remède traditionnel contre divers maux – digestifs, respiratoires ou encore contre les refroidissements. J’ai souvent entendu des anciens des vallées alpines raconter comment leurs grands-parents préparaient cette liqueur dans les caves familiales. La forte teneur en alcool avait alors une double fonction: extraire les principes actifs de la plante et assurer la conservation de la préparation pendant les longs mois d’hiver.
Aujourd’hui, la récolte sauvage du génépi est strictement encadrée, voire interdite dans certaines régions pour préserver cette espèce fragile. Lors d’une visite chez un producteur savoyard l’été dernier, j’ai découvert des cultures raisonnées qui permettent de perpétuer cette tradition sans mettre en péril l’équilibre écologique des alpages.
Élaboration et degré d’alcool du génépi
La fabrication traditionnelle du génépi repose sur un principe simple: la macération des sommités fleuries dans de l’alcool neutre. Cette méthode, que j’ai eu l’occasion d’observer chez plusieurs distillateurs artisanaux, explique en grande partie son taux d’alcool élevé. Voici les principales étapes de l’élaboration:
- Récolte des plantes en période de floraison (juillet-août)
- Séchage délicat pour préserver les arômes
- Macération dans un alcool à 90-96° pendant plusieurs semaines
- Filtration et ajout éventuel de sirop de sucre
- Mise en bouteille après réduction à 40-45°
La teneur finale en alcool du génépi commercial oscille généralement entre 40 et 45%, ce qui le place dans la catégorie des spiritueux plutôt que des liqueurs classiques. Cette concentration est essentielle pour extraire et fixer les composés aromatiques caractéristiques de l’artemisia. Lors d’une dégustation comparative organisée dans mon atelier lyonnais, j’ai pu constater que les versions titrant moins de 40° perdaient significativement en complexité aromatique.
Pour le génépi artisanal, réalisé selon des recettes familiales, le degré peut parfois atteindre 50%, notamment dans certaines vallées isolées où les traditions demeurent vivaces. Une particularité que j’ai découverte lors de mes reportages sur les spiritueux de terroir.
| Type de génépi | Degré d’alcool moyen | Caractéristiques gustatives |
|---|---|---|
| Génépi commercial | 40-45° | Équilibré, notes herbacées prononcées |
| Génépi artisanal | 45-50° | Plus rustique, intensité aromatique supérieure |
| Génépi « blanc » (sans sucre) | 45-55° | Sec, puissant, notes végétales marquées |
Déguster le génépi: entre tradition et modernité
La dégustation du génépi relève d’un véritable rituel que j’ai appris à apprécier au fil de mes pérégrinations alpines. Traditionnellement, cette liqueur herbacée puissante se déguste en digestif, servie dans un petit verre à température ambiante ou légèrement rafraîchie. À cette température, les arômes complexes de plantes alpines, entre notes herbacées et légère amertume, se révèlent pleinement.
Lors d’une soirée mémorable dans un refuge du Queyras, j’ai découvert la coutume du « café valdôtain » – un café agrémenté de génépi et de zeste d’orange, servi flambé. Une expérience sensorielle fascinante où la puissance alcoolique du breuvage se marie parfaitement avec l’amertume du café. La chaleur de l’alcool, à ce taux de 40-45°, déploie alors toute sa palette aromatique.
Plus récemment, la mixologie contemporaine s’est emparée du génépi pour créer des cocktails surprenants. J’ai eu l’occasion de collaborer avec plusieurs bartenders talentueux qui utilisent cet alcool alpin avec parcimonie (compte tenu de son degré) pour apporter une dimension herbacée et montagnarde à leurs créations. Un dosage précis s’impose: au-delà de 2cl, le génépi, avec son taux d’alcool élevé, peut facilement dominer la composition.
Quelle que soit la façon de le déguster, n’oublions pas que le génépi reste un spiritueux dont la teneur en alcool commande modération et respect. Sa richesse aromatique mérite d’être savourée lentement, comme un véritable concentré d’altitude.



